El cardenal Sarah en abril de 2015
Creo que dejar a un sacerdote o
un obispo decir cosas que quiebran o arruinan el depósito de la
fe, sin interpelarle, es una falta grave. Como mínimo,
hay que interpelarle y pedirle que explique las razones de sus
afirmaciones, sin dudar en exigirle que las reformule de manera
conforme a la doctrina y a la enseñanza secular de la Iglesia.
No se puede dejar a las gentes decir o escribir cualquier cosa
sobre la doctrina, la moral, lo que actualmente
desorienta a los cristianos y crea una gran confusión
sobre lo que Cristo y la Iglesia siempre han enseñado. La
Iglesia no debe jamás abandonar su título de Mater et
Magistra: su papel de madre y educadora de los
pueblos. Como sacerdotes, obispos o simples laicos,
obramos mal al no decir que una cosa es falsa. La Iglesia no debe
dudar en denunciar el pecado, el mal y toda mala conducta o las
perversiones humanas. La Iglesia asume en nombre de Dios
una autoridad paterna y materna. Y esta autoridad es un
servicio humilde para bien de la humanidad. Padecemos
hoy un déficit de paternidad. Si un padre de familia no dice
nada a sus hijos sobre su conducta, no obra como un verdadero
padre. Traiciona su razón de ser y su misión
paterna. El primer deber del obispo consiste
pues en interpelar a un sacerdote cuando sus afirmaciones no son
conformes a la doctrina. Se trata de una pesada responsabilidad.
Cuando Juan el Bautista declaró a Herodes: «No tienes
derecho a tomar la mujer de tu hermano» perdió la vida.
Desgraciadamente hoy, la autoridad se calla a menudo por
miedo sobre todo a ser llamada intolerante o a ser
decapitada. Como si mostrar la verdad a alguien hiciese ser
intolerante o integrista cuando se trata de un acto de
amor".
(Cardenal Robert Sarah, prefecto para la Congregación del Culto
Divino, 9.04.2015 en LHomme Nouveau, http://www.hommenouveau.fr/1209/religion/dieu-ou-rien---grand-entretien-avec-le-cardinal-robert-sarah.htm).
"Je crois que laisser un prêtre
ou un évêque dire des choses qui ébranlent ou ruinent
le dépôt de la foi, sans linterpeller, est une
faute grave. Au minimum, il faut linterpeller et
lui demander dexpliquer les raisons de ses propos, sans
hésiter à exiger de les reformuler de manière conforme
à la doctrine et à lenseignement séculaire de
lÉglise. On ne peut pas laisser les gens dire ou
écrire nimporte quoi sur la doctrine, la morale, ce qui
actuellement désoriente les chrétiens et crée une grande
confusion sur ce que le Christ et lÉglise ont toujours
enseigné. LÉglise ne doit jamais abandonner son
titre de Mater et Magistra:
son rôle de mère et déducatrice des peuples.
Comme prêtres, évêques ou simples laïcs,
nous avons tort de ne pas dire quune chose est
fausse. LÉglise ne doit pas hésiter à dénoncer
le péché, le mal et toute mauvaise conduite ou
perversions humaines. LÉglise assume, au nom de Dieu, une
autorité paternelle et maternelle. Et cette autorité
est un service humble pour le bien de lhumanité.
Nous souffrons aujourdhui dun défaut de
paternité. Si un père de famille ne dit rien à ses
enfants sur leur conduite, il nagit pas comme un
véritable père. Il trahit sa raison
et sa mission paternelle. Le premier devoir de
lévêque consiste donc à interpeller un prêtre
quand les propos de ce dernier ne sont pas conformes à la
doctrine. Il sagit dune lourde responsabilité. Quand
Jean-Baptiste a déclaré à Hérode : «Tu nas pas le
droit de prendre la femme de ton frère», il a perdu la vie.
Malheureusement, aujourdhui, lautorité se
tait souvent par peur notamment dêtre traitée
dintolérante ou dêtre décapitée. Comme
si montrer la vérité à quelquun revenait à être
intolérant ou intégriste alors quil sagit
dun acte damour".
(Cardenal Robert Sarah, prefecto para la Congregación del Culto
Divino, 9.04.2015 en LHomme Nouveau, http://www.hommenouveau.fr/1209/religion/dieu-ou-rien---grand-entretien-avec-le-cardinal-robert-sarah.htm ).
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Entrevista redactada por Philippe Maxence, publicada el 9 de abril de 2015 en
http://www.hommenouveau.fr/1209/religion/dieu-ou-rien---grand-entretien-avec-le-cardinal-robert-sarah.htm, con ocasión del libro-entrevista de Nicolas Diat con el Cardenal Sarah: Dieu ou rien, entretien sur la foi. (Dios o nada, entrevista sobre la fe, Dieu ou rien, Entretien sur la foi, Fayard, 422 p., 21,90 .)
Entretien paru dans l'Homme Nouveau n°1588 por labbé Claude Barthe et Philippe Maxence Grand entretien avec le cardinal Robert Sarah. Entretien paru dans l'Homme Nouveau n°1588
Rédigé par Philippe Maxence le 09 avril 2015 dans Religion
Journaliste et écrivain, Nicolas Diat a mené des entretiens avec le cardinal Robert Sarah, publiés sous le titre Dieu ou rien, entretien sur la foi. Pour LHomme Nouveau, labbé Claude Barthe et Philippe Maxence se sont entretenus à bâtons rompus avec ce cardinal guinéen à la parole aussi étincelante que le matin de la Résurrection.
Nous publions ici (http://www.hommenouveau.fr/1209/religion/dieu-ou-rien---grand-entretien-avec-le-cardinal-robert-sarah.htm) un extrait de cet entretien paru dans l'Homme Nouveau n°1588.
L'Homme Nouveau digital publica el siguiente extracto de la entrevista de Barthe y Maxence:
Philippe Maxence : « Dieu ou rien », Éminence, cest le programme de la sainteté. Voulez-vous être un saint ?
Cardinal Robert Sarah : Oui, parce que cest notre première vocation : être saint parce que le Seigneur, notre Dieu, est saint. Par Dieu ou rien, je voudrais parvenir à replacer Dieu au centre de nos pensées, au centre de notre agir, au centre de notre vie, à la seule place quIl doit occuper. Afin que notre cheminement de chrétiens puisse graviter autour de ce roc et de cette ferme assurance de notre foi. Avec ce livre, je voudrais témoigner de la bonté de Dieu, à travers le récit de mon expérience. Dieu est premier dans notre vie parce quIl nous aime et que la meilleure façon de lui rendre cet amour consiste à Laimer au centuple. Le monde occidental a malheureusement oublié la centralité de lamour divin. Il est nécessaire de reprendre cette relation à Dieu. À ce titre, mon témoignage est là pour inviter le monde à ne plus rejeter Dieu. Quand je regarde ma vie, jy vois, en effet, la trace très concrète de la prédilection divine. Je viens dune simple famille africaine et dun village très éloigné du centre-ville. Qui aurait pu dire à ma naissance tout ce que Dieu allait accomplir ? Pour devenir séminariste puis prêtre, je suis allé de la Guinée au Sénégal en passant par la Côte dIvoire et la France. Par la suite, je suis devenu évêque de Conakry, dans des conditions difficiles. Puis jai été appelé à Rome, au cur même de lÉglise. Comment me taire alors que chaque étape de ma vie forme un signe très clair de laction de Dieu sur moi ?
Abbé Claude Barthe : Quelles sont les forces et les faiblesses du catholicisme africain ?
Card. R. S. : Vous avez raison de parler de forces et de faiblesses. LÉglise en Afrique est encore jeune, et tout ce qui est jeune est fragile. Il est donc nécessaire de ce fait daccroître le nombre de chrétiens, non seulement en termes quantitatifs, mais également en assimilant toujours mieux lÉvangile, en aidant les chrétiens à vivre pleinement, sans réticence ni compromis, dans la théorie comme dans la pratique, les exigences de la foi chrétienne. Les papes ont toujours poussé dans cette direction. Lorsque Paul?VI,?en 1969, désignait lAfrique comme la « nouvelle patrie du Christ nova patria Christi Africa », il évoquait une réalité qui nempêche pas la nécessité pour nous Africains daccueillir toujours plus profondément lÉvangile. Quand on rencontre lÉvangile et quand lÉvangile nous pénètre, il nous déstabilise, il nous transforme, il nous change radicalement et nous donne des orientations et des références morales nouvelles. Cest pourquoi je demande vraiment de tout cur que le Christ habite lAfrique, car désormais lAfrique est sa nouvelle patrie.Mais en même temps il y a un véritable dynamisme dans lÉglise africaine et je crois véritablement quelle est appelée à jouer un rôle au niveau de lÉglise universelle. LÉglise en Afrique répond profondément au dessein de Dieu. Il la voulu dès lorigine. Quand je parle des origines, je ne me réfère pas seulement à saint Augustin, mais je pense également au fait que cest un pays africain, lÉgypte, qui a accueilli la Sainte Famille et qui a permis de sauver Jésus. Cest aussi un Africain, Simon de Cyrène, qui a aidé le Christ à porter sa Croix jusquau Golgotha. LAfrique a été impliquée dans lHistoire du Salut depuis les origines. Et aujourdhui, dans le contexte de crise profonde, qui voit la foi elle-même remise en cause et les valeurs rejetées, je crois fortement que lAfrique peut apporter, dans sa pauvreté, dans sa misère, ses biens les plus précieux : sa fidélité à Dieu, à lÉvangile, son attachement à la famille, à la vie, dans un moment historique où lOccident donne limpression de vouloir imposer des valeurs inverses.
Abbé C.B. : Il y a beaucoup de prêtres en Afrique. Êtes-vous inquiet du manque de formation du clergé comme cest encore trop souvent le cas en France ?
Card. R. S. : Nous avons beaucoup de vocations, mais pas assez de formateurs solides et dexpérience. Voyez-vous, nous avons souvent des jeunes prêtres qui, une fois terminé leurs études à Paris ou à Rome, sont tout de suite appelés à enseigner dans les séminaires. Ils nont pas lexpérience suffisante ni réellement consolidée par le temps et une relation personnelle avec Jésus. Ils sont dans la situation de ceux qui ont des connaissances sans les avoir réellement assimilées sur le terrain. Notre drame nest donc pas le manque de prêtres, mais le manque de prêtres réellement configurés au Christ et devenus Ipse Christus : le Christ lui-même. Dune certaine manière, nous sommes trop nombreux, comme prêtres. Nous sommes aujourdhui plus de 400 000 prêtres dans le monde. Déjà au début du VIIe siècle saint Grégoire le Grand écrivait : « Le monde est rempli de prêtres, mais on rencontre rarement un ouvrier dans la moisson de Dieu ; nous acceptons bien la fonction sacerdotale, mais nous ne faisons pas le travail de cette fonction ». Quest-ce qui a bouleversé le monde ? Douze apôtres totalement mangés par Jésus, pris par Jésus. Nous manquons de ce type de prêtres. Certes, ils ont étudié beaucoup de textes scientifiques, mais ils se retrouvent incapables de nourrir le peuple de Dieu et de lentraîner vers la radicalité de lÉvangile, parce queux-mêmes nont pas réellement vu ni rencontré le Christ personnellement. Il faudrait quils soient comme saint Augustin. Malgré sa qualité exceptionnelle de théologien, sa parole sortait de son cur et de son expérience. Voilà le profil de prêtres que je voudrais !
Abbé C.B. : La manière dont sest faite la réforme liturgique et du coup lesprit liturgique dans lequel se réalise la formation des prêtres néloignent-ils pas du modèle sacerdotal que vous prônez ?
Card. R. S. : Nous constatons de plus en plus que lhomme cherche à prendre la place de Dieu, que la liturgie devient un simple jeu humain. Si les célébrations eucharistiques se transforment en des lieux dapplication de nos idéologies pastorales et doptions politiques partisanes qui nont rien à voir avec le culte spirituel à célébrer de la façon voulue par Dieu, le péril est immense. Il me semble urgent de mettre plus de soin et de ferveur dans la formation liturgique des futurs prêtres. Leur vie intérieure et la fécondité de leur ministère sacerdotal dépendront de la qualité de leur relation avec Dieu, dans ce face-à-face quotidien que la liturgie nous donne dexpérimenter.
Abbé C.B. : Vous racontez dans votre livre, à propos de ce type doptions, lépisode de la suppression du baldaquin de la cathédrale de Conakry par Mgr Tchidimbo.
Card. R. S. : Oui, cétait une réforme liturgique à la française ! On a voulu améliorer la participation du peuple de Dieu à la liturgie, sans sinterroger peut-être suffisamment sur la signification de cette « participation ». Quest-ce que veut dire « participer à la liturgie ? ». Cela veut dire entrer pleinement dans la prière du Christ. Rien à voir donc avec le bruit, lagitation et le fait que chacun joue un rôle comme dans un théâtre. Il sagit dentrer dans la prière de Jésus, de simmoler avec Lui, dêtre en quelque sorte transsubstantié et devenir, nous-mêmes, des hosties vivantes, saintes, agréables à Dieu. Cest exactement ce que saint Grégoire de Nazianze affirme, lorsquil dit : « Nous allons participer à la Pâque ( ). Eh bien quant à nous, participons ( ) de façon parfaite ( ). Offrons en sacrifice, non pas de jeunes taureaux ni dagneaux portant cornes et sabots ( ). Offrons à Dieu un sacrifice de louange sur lautel céleste, en union avec les churs du Ciel. Ce que je vais dire va plus loin : cest nous-mêmes que nous devons offrir à Dieu en sacrifice ; offrons-Lui chaque jour toute notre activité. Acceptons tout pour le Christ ; par nos souffrances, imitons sa Passion ; par notre sang, honorons son Sang ; montons vers la Croix avec ferveur ! ». Il ne sagit pas de nous distribuer des rôles ou des fonctions. Progressivement, nous sommes appelés à entrer dans le mystère eucharistique et à le célébrer comme Jésus et comme lÉglise la toujours célébré. LEucharistie doit nous assimiler au Christ, nous faire devenir un seul et même être avec le Christ. Je deviens moi-même le Christ. Benoît XVI a été clair sur le fait que lÉglise ne se bâtit pas à coups de ruptures, mais dans la continuité. Sacrosanctum Concilium, le texte conciliaire sur la sainte liturgie, ne supprime pas le passé. Par exemple, il na jamais demandé la suppression du latin ou la suppression de la messe de saint Pie V.
Abbé C.B. : Vous soulignez la nécessaire pérennité de lenseignement moral de lÉglise, malgré la pression des courants relativistes. Cest toute la question du magistère. Comment envisager, pour lavenir, le fonctionnement de ce magistère ?
Card. R. S. : Il faut absolument conserver fidèlement et précieusement les données essentielles de la foi chrétienne, dans une intelligence qui cherche à les explorer en profondeur et à les comprendre de manière active et toujours nouvelle. Mais nous devons garder intact le dépôt de la foi et le conserver à labri de toute violation et de toute altération. Si lÉglise commence à parler comme le monde et à adopter le langage du monde, elle devra accepter de changer son mode de jugement moral, et par conséquent, elle devra abandonner sa prétention à vouloir éclairer et guider les consciences. Ce faisant lÉglise devra renoncer à sa mission dêtre pour les peuples une lumière de vérité. « Elle devra renoncer à dire quil y a des biens qui sont des fins, quil est noble à lhomme de les poursuivre, non seulement comme valeur, mais comme but à atteindre. Surtout, elle devra renoncer à dire quil y a des actes qui sont en eux-mêmes intrinsèquement mauvais et quaucune circonstance ne les permet ». Je pense donc que le magistère doit rester ferme comme un roc. Car si on crée un doute, si le magistère se situe par rapport au moment où nous vivons, lÉglise na plus le droit denseigner. Aujourdhui le plus urgent se situe vraiment dans la stabilité que doit avoir lenseignement de lÉglise. LÉvangile reste le même. Il ne bouge pas. Naturellement il faut toujours un travail de formulation pour mieux atteindre les personnes, mais on ne peut pas, sous prétexte quelles ne nous écoutent plus, adapter la formulation de lenseignement du Christ et de lÉglise aux circonstances, à lhistoire ou à la sensibilité de chacun. Si lon crée un magistère instable, on crée un doute permanent. Il y a un immense travail à accomplir à ce sujet : rendre perceptible lenseignement de lÉglise tout en gardant intact le noyau de la doctrine. Et cest pourquoi il est inadmissible de séparer la pastorale de la doctrine : une pastorale sans doctrine est une pastorale bâtie sur du sable.
Abbé C.B. : On a limpression quil ny a plus aujourdhui de frontière définie dans lÉglise entre ceux qui sont dehors et ceux qui sont dedans. En France, par exemple, il y a des universités catholiques où des hérésies sont enseignées explicitement et elles restent « catholiques ». Au dernier Synode, certains soutenaient la ligne qui a été la vôtre, mais dautres disaient le contraire. Or, tous sont donnés comme « catholiques ». Est-ce que pour le bien des âmes, il ne faudrait pas en revenir, non seulement à un enseignement clair, mais aussi à la déclaration explicite que tel ou tel nest plus catholique ?
Card. R. S. : Je crois que laisser un prêtre ou un évêque dire des choses qui ébranlent ou ruinent le dépôt de la foi, sans linterpeller, est une faute grave. Au minimum, il faut linterpeller et lui demander dexpliquer les raisons de ses propos, sans hésiter à exiger de les reformuler de manière conforme à la doctrine et à lenseignement séculaire de lÉglise. On ne peut pas laisser les gens dire ou écrire nimporte quoi sur la doctrine, la morale, ce qui actuellement désoriente les chrétiens et crée une grande confusion sur ce que le Christ et lÉglise ont toujours enseigné. LÉglise ne doit jamais abandonner son titre de Mater et Magistra : son rôle de mère et déducatrice des peuples. Comme prêtres, évêques ou simples laïcs, nous avons tort de ne pas dire quune chose est fausse. LÉglise ne doit pas hésiter à dénoncer le péché, le mal et toute mauvaise conduite ou perversions humaines. LÉglise assume, au nom de Dieu, une autorité paternelle et maternelle. Et cette autorité est un service humble pour le bien de lhumanité. Nous souffrons aujourdhui dun défaut de paternité. Si un père de famille ne dit rien à ses enfants sur leur conduite, il nagit pas comme un véritable père. Il trahit sa raison et sa mission paternelle. Le premier devoir de lévêque consiste donc à interpeller un prêtre quand les propos de ce dernier ne sont pas conformes à la doctrine. Il sagit dune lourde responsabilité. Quand Jean-Baptiste a déclaré à Hérode : « Tu nas pas le droit de prendre la femme de ton frère », il a perdu la vie. Malheureusement, aujourdhui, lautorité se tait souvent par peur notamment dêtre traitée dintolérante ou dêtre décapitée. Comme si montrer la vérité à quelquun revenait à être intolérant ou intégriste alors quil sagit dun acte damour.
Abbé C.B. : En France, le catholicisme institutionnel apparaît vieillissant alors que la base ce que lon appelle le « nouveau catholicisme » est jeune et dynamique. Mais il y a un décalage entre ce catholicisme de terrain et beaucoup de pasteurs. Ny a-t-il pas un problème dans la nomination des évêques ?
Card. R. S. : Cest une question difficile que vous me posez. Laissons lEsprit Saint nous travailler, nous transformer et nous renouveler. Cest lui en effet qui renouvelle la face de la terre. Cest lui qui vivifie et sanctifie lÉglise. Pour ce qui regarde le deuxième aspect de votre question, je voudrais très simplement donner cette information. La liste et les noms des candidats à lépiscopat sont généralement proposés par la Conférence épiscopale nationale. La Conférence épiscopale, consciente des défis daujourdhui, de la problématique de lÉglise de France et du diocèse à pourvoir, suggère des candidats dignes et idoines. La nomination dun évêque est une énorme responsabilité devant Dieu et devant lÉglise. Les noms des candidats à lépiscopat, en dautres termes la « terna », sont présentés au nonce apostolique. Le nonce apostolique, après avoir obtenu lautorisation du dicastère compétent, procède à lenquête sur chaque candidat. Le nonce et Rome font entièrement confiance à la conscience, à la droiture et à lhonnêteté des informations. Si tout est fait dans la crainte de Dieu et pour le bien de lÉglise, il ny a pas de raison que la contribution des informateurs ne puisse pas aider le Pape à choisir de bons évêques. Tout dépend de lÉglise locale. Mais je voudrais aussi souligner que parfois dexcellents prêtres ne sont pas faits pour être évêques. Il arrive aussi quun excellent prêtre, une fois évêque, devienne méconnaissable, parce que lautorité, lexercice du pouvoir lont profondément modifié. Au lieu dêtre un père, un guide spirituel et un pasteur, il devient un chef difficile et pauvre en rapports humains.
Dieu ou rien, Entretien sur la foi, Fayard, 422 p., 21,90 .